Jeunesse & Identité – Interview « Les Abeilles – Jeunesse Cré’Activ »
[ Propos recueillis par Lucie Delalain – Partie 1 ]
Lucie : Vous êtes un groupe de jeunes amis qui se retrouvent régulièrement pour des activités. Et par vos informations, nous saisissons l’essentiel de votre démarche et de vos motivations… Mais pouvez-vous en dire un peu plus sur votre fonctionnement, et raconter quelques expériences… ?
Les Abeilles : Oui, nous acceptons !
Le Nom, les Valeurs, et l’Amitié
Vous vous appelez Les Abeilles, pourquoi avez-vous choisi ce nom ? Quelle signification a-t-il pour vous derrière ce symbole/logo ?
Charlotte : Le nom des Abeilles, il est venu pendant un partage que nous avons fait tous ensemble alors que nous cherchions un nom. On se demandait ce que nous représentons… Et la seule chose que nous avons vraiment défini, c’est : la fraternité. Nous voulions un nom qui tende vers cette qualité, qu’elle soit au centre. Alors nous nous sommes rendu compte que les abeilles, c’était une communauté, un groupe, une famille un peu comme nous, qui apportait leurs fruits, le miel à leur reine.
Et nous, notre reine c’est notre idéal, c’est la Fraternité : nous sommes des abeilles qui vont servir la fraternité. Notre nom va représenter chaque abeille dans son unicité, qui apporte ses fruits pour aider la jeunesse, et qui vont vers leur reine, pour servir un grand idéal de Fraternité tous ensemble, car c’est notre souhait profond. Et on cherche à se regrouper autour de ça, afin de former une petite ruche de jeunes, qui peuvent s’entraider, s’écouter, partager plein de choses entre eux.
Au premier abord, on pourrait croire que vous êtes une équipe d’apiculteurs ou de défenseurs des abeilles, mais vous n’y avez donc pas pensé ?
Charlotte : Pas du tout ! Et c’est aussi grâce à une carte de tarot sur les animaux : il y en avait une petite qui expliquait les abeilles, elle retraçait qu’une abeille est une force individuelle au service de plus grand. Et cela nous avait vraiment beaucoup marqués, et c’est ce que l’on voulait défendre.
Le logo en lui-même est venu lors d’une méditation que nous avions faite tous ensemble, et c’était précisément le jour où nous avons vraiment décidé de créer notre groupe. J’en ai parlé à certaines personnes pour savoir si elles étaient d’accord que j’essaie de le retranscrire. Le but dans ce logo, c’était justement de faire le lien entre la fraternité et les abeilles, d’où la rose qui est la fraternité, et l’abeille qui vient se poser dessus pour lui ramener ses fruits et la faire grandir.
Vous êtes un groupe d’amis, cela signifie que vous vous connaissez depuis longtemps ?
Julien : Non, on ne se connaît pas depuis longtemps. Le but dans nos rencontres, c’est d’oser être soi-même, et nous nous poussons mutuellement à nous révéler. On est amis parce que nous sommes sincères entre nous, nous sommes vraiment vulnérables, et on ose se dire ce qui ne va pas chez soi et avec les autres, on s’entraide vraiment à évoluer. Je n’arrive pas à vivre cela avec mes amis d’enfance. J’ai des amis d’enfance depuis 20-25 ans, et je ne leur ai pas partagé ce que je vis depuis 1 an, voire 1 an ½ avec les Abeilles. On se pousse les uns les autres, on se lance des défis entre nous : par exemple Quentin me lance des défis. C’est un jeu évolutif entre nous, alors on peut dire que nous sommes des amis !
Mais, combien êtes-vous ? Et est-ce que vous habitez près les uns des autres ?
Charles : Notre groupe se compose d’un « noyau central » d’une quinzaine de personnes. Ce nombre peut être variable, car des personnes motivées et qui souhaiteraient s’engager au sein de l’équipe, peuvent nous rejoindre. Un noyau autour duquel viennent graviter tous les « électrons » que nous rencontrons, et avec qui nous partageons et créons.
Nous habitons aux quatre coins de la France ! Nous nous retrouvons régulièrement lors des rencontres que nous organisons, mais pas seulement, car nous sommes amis et avons tissé des liens forts entre nous. Par exemple, lorsque Quentin vient sur Paris, c’est toujours avec plaisir que je l’héberge chez moi, nous passons toujours un très bon moment, pendant lequel nous continuons à nous découvrir mutuellement et essayons de grandir ensemble, de faire évoluer notre relation.
Ou plus récemment, pour ma toute première représentation de théâtre, Jonathan est venu spécialement de Rennes sur Paris pour y assister, c’était génial de pouvoir partager cela avec lui !
Vous parlez de fraternité comme votre idéal à travailler, comment l’expérimentez-vous et espérez-vous la vivre ?
Carole, et Julien : La Fraternité… c’est grand ! Cela nous enflamme même si c’est très peu répandu dans le monde… et en fait, justement ! Nous aimerions déjà commencer à pouvoir vivre une réelle amitié, une entraide sincère, se voir au-delà des apparences, et réussir à collaborer ensemble en se réunissant autour de ce même idéal.
Nous l’expérimentons de différentes manières. Par exemple, déjà en étant, les uns pour les autres, des miroirs de nos qualités, biens et forces ; nous apprenons à nous connaître. Nous nous entraidons également à transformer nos défauts… souvent avec humour !
Ce qui est génial quand on apprend à se connaître, soi et les autres, c’est que chacun peut trouver sa place unique dans le groupe, et savoir ce qu’il a à donner. A chaque saison on se trouve, et nous souhaitons que chaque individu se saisisse, c’est-à-dire affirme bien son individualité, pour pouvoir collaborer ensemble. Que chacun se saisisse individuellement pour un but commun. Et ainsi, si chacun se saisit, se connait mieux, nous pourrons aller vers ce but fraternel.
Nous l’expérimentons par exemple lorsque nous méditons ensemble puis partageons nos compréhensions ; et aussi surtout lorsque nous mettons nos créativités en commun pour les offrir à d’autres !
Carole : Personnellement, j’espère continuer de vivre des moments de partage fraternel, d’ouverture du cœur et aussi de l’action ! Je pourrais résumer cela avec la devise « Jamais sans mon frère » : elle est tirée de la quête du Graal, dans le sens où, selon moi, dans ce groupe, soit on avance ensemble, soit on n’avance pas ! Je voudrais que l’on ose rayonner au service de cet idéal et que l’on rencontre de plus en plus de jeunes. Ce serait l’inverse de notre idéal de ne rester qu’entre nous !
Julien : Pour moi, c’est oser être soi-même, sans jugement, se révéler, et c’est vraiment quelque chose de nouveau. Ce groupe m’a amené à ça. La première rencontre, c’était peut-être une rencontre de tâtonnement, où je me demandais ce que je faisais là, et en même temps j’étais là ! Et la deuxième rencontre, cela fut pour moi vraiment quelque chose de très fort, et par la suite cela m’a vraiment beaucoup aidé dans la vie : j’ai réussi à prendre ma place. Et dans ce groupe-là, ce que j’ai saisi c’est ça : trouver ma place et d’oser être moi-même. C’est un groupe de confiance, j’ai confiance en ces personnes, et ça, c’est vraiment quelque chose qui aide ! Mais ce côté « oser être soi-même », à mes yeux, c’est la clé de la fraternité, car chaque individu est différent et c’est important de l’affirmer, de l’exprimer. Et je souhaite m’individualiser plus, afin d’apporter au groupe.
Y-a-t-il d’autres valeurs et idées majeures qui habitent votre équipe ?
Nicolas et Jonathan : L’espérance, la créativité, le don de soi, se donner sans compter et sans attente… Savoir ce que nous pouvons donner, chacun de nous, et le faire rayonner pour aider chacun ; et ensuite, être un groupe qui aide tout le monde, qui rayonne vraiment. Et il y a l’envie de partager, d’apprendre à connaître l’autre, les autres, et presque à chaque retrouvaille, on découvre de nouvelles personnes. Il y a toujours pleins de belles choses à réveillées en soi et à en découvrir chez les autres. Cela rejoint à l’idéal de fraternité, de rencontrer, accueillir, échanger et collaborer, et ainsi engendrer des actions.
Et qu’est-ce qui vous a motivé, chacun, à vous engager dans une telle aventure ?
Caroline : J’étais curieuse de rencontrer des jeunes qui méditent, qui s’intéressent à la nature, à l’art… qui se posent des questions ! J’avais envie de partager ma spiritualité librement et y mettre des mots. L’envie d’être actrice de ma vie, d’arrêter de rêver, et au contraire de me réveiller ! Mais je ne m’attendais pas à recevoir autant : un vrai cadeau de la vie !
J’aimerais de tout cœur qu’on aille jusqu’au bout de cet idéal de Fraternité ensemble. Que le bien triomphe entre nous, que chacun dégomme son ego, pour voir en l’autre sa beauté. Alors je souhaite que chacun se sente libre, et que la vérité brille, pour que chacun se sente à sa place, aimé et puisse se révéler.
Nicolas : J’avoue, j’avais des amis qui ne me convenaient pas avant et je me sentais très seul, je n’étais pas en phase avec eux. Et puis j’ai rencontré ces nouvelles personnes… Avant je me plaignais d’être seul, et il y a eu cette possibilité, alors c’était clair : ils sont là, ils ont les mêmes aspirations que moi, donc j’y vais, je les rencontre ! A ce moment-là, c’était le début d’une aventure et il y a vraiment une richesse où l’on ose être soi. Ce n’est plus tabou d’être soi-même ! Au contraire, dès que l’on voit l’autre se renier, et bien non, on l’encourage à être lui-même. Cela fait un bien fou !
Et les valeurs que moi, je veux vivre au sein de ce groupe, il y a la fraternité, et l’espérance, dans le fait que l’on se plonge dans le futur, et à ce moment-là, on donne beaucoup d’espérance à tout le monde. Je pense que chaque jeune est en recherche de cela au fond : d’être soi-même, de ne pas avoir des rôles, des autorités, etc., qui nous brident totalement, qui nous ferment totalement. On est beaucoup dans le mal être, et être soi-même, c’est la clé pour moi. Si dans ce groupe, on peut me laisser être moi, et au contraire, on m’aide à être moi, alors j’ai la solution pour ne plus être mal, et justement je peux être bien, et commencer à vivre !
Jonathan : Moi, individuellement c’est surtout la possibilité d’être moi-même qui m’a animé et donné envie de m’engager dans ce groupe, en vivant de beaux échanges, notamment. Ce n’est pas courant de vivre ce genre d’aventure, de pouvoir partager sur des sujets qui me sont chers ! Quelques temps avant la première rencontre à Brocéliande, je me posais des questions sur les amis et le peu que je côtoyais encore, trouvant cela désolant et plutôt chiant. Puis un jour j’ai entendu l’expression « un cœur aimant, aimante d’autres cœurs aimants » ! Dès lors j’ai toujours gardé l’espoir qu’à un moment donné, par mon travail intérieur et ma volonté, j’allais rencontrer d’autres personnes avec qui je pourrais échanger de belles choses. Et évidemment, c’est ce qu’il s’est passé !
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