Jeunesse & Art – Interview « Les Abeilles – Jeunesse Cré’Activ »

par | Juil 20, 2017 | Jeunesse & Art, Jeunesse & Vie | 0 commentaires

[Propos recueillis par Lucie Delalain – Partie 2 ]

Lucie : Vous êtes un groupe de jeunes amis qui se retrouvent régulièrement pour des activités. Et par vos informations, nous saisissons l’essentiel de votre démarche et de vos motivations… Mais pouvez-vous en dire un peu plus sur votre fonctionnement, et raconter quelques expériences… ?

Les Abeilles : Oui, nous acceptons !

Les Rencontres créatives, les Expériences et l’Organisation

Pouvez-vous préciser comment vous organisez et créez ensemble vos événements ?

Maxime L. : Pour organiser une rencontre, par exemple pour cet été 2017, on s’était dit la précédente fois, que dans les environs d’Annecy, dans l’Est de la France, ce serait bien pour la prochaine rencontre. Donc comme j’habite là-bas, je me suis occupé de trouver un lieu. Et ensuite, il y a une communication par Internet pour être sûr que cet endroit corresponde à tout le monde. A partir du moment où on a le lieu, on crée un fichier, en général OneNote, et dessus, on partage des choses. Chacun va s’inscrire individuellement, va simplement donner ses coordonnées, mais aussi il peut proposer des activités, telle ou telle créativité, tout ce qu’il peut apporter au groupe. En fonction de ce que chacun apporte, cela fait toute l’organisation du séjour. Il n’y a pas une personne qui organise le séjour, c’est tout le monde ensemble, nous sommes co-créateurs !

Mais souvent, c’est assez difficile d’organiser complètement tout à l’avance, sur Internet… Généralement, nous avons une sorte de trame, et le premier jour de la rencontre, on essaye de définir plus précisément. Ce n’est pas toujours évident, on essaye d’y travailler, d’avoir quelque chose de bien cadré, à la fois souple, mais cadré. Sinon, ça part rapidement en mode « chacun fait ce qu’il veut dans son coin » et il n’y a pas d’organisation ! Pour s’aider, c’est un défi : arriver à ce que chacun amène des idées, et que l’on définisse, par exemple à 10h, tout le monde se réunit, il y a 1, 2 ou 3 activités, et chacun choisit ce qu’il fait. Ensuite, il y a ceci et cela, chacun participe au repas… Donc il y a quand même une structure.

Il peut y avoir des personnes habitant dans une même région, qui se réunissent pour proposer des choses ensemble. De mon côté, jusque-là il n’y avait personne dans ma région, alors c’était un peu compliqué pour coorganiser.

Justement en étant nombreux, habitant à de telles distances, comment arrivez-vous à bien communiquer ?

Théo : Maintenant, je dirais que c’est plutôt une affaire qui marche. On lance des conversations avec les 15 mails des personnes du noyau et on spécifie bien le sujet à chaque fois. Cela peut être la prochaine rencontre, et cela peut être une découverte ou un autre partage entre nous. Une seconde chose, c’est par cette plate-forme collaborative, qui nous sert pour l’organisation de séjour.

Et à certains moments aussi, pour préparer nos rencontres, on profite de certains événements qui nous rassemblent, parfois, c’est un concert, parfois un événement sur la spiritualité, la créativité… Il y en a 2, 3 ou 4, qui vont se retrouver entre eux. Et ils vont discuter pour savoir « qu’est-ce qui manque ? Qu’est-ce que l’on peut faire pour redonner une impulsion au groupe ? Qu’est-ce qui n’est pas encore préparé pour la prochaine rencontre ? Bon, il y a ça, qu’est-ce que l’on peut faire ? » C’est un point important.

Au début, je me disais, mince, dès que des gens se retrouvent, il doit y avoir un retour au groupe, et je pensais que le groupe devait toujours être réuni dans son ensemble. Mais en méditant dessus, j’ai compris que les liens à deux créaient des liens forts entre les individus. En allant se voir les uns, les autres, en s’immergeant dans la vie de l’autre, qui nous accueille une semaine, on crée des liens plus forts. Et par la suite, la communication se fait naturellement, on s’appelle, on se lance des défis, en ayant un contact régulier, c’est plus fluide.

J’ai régulièrement des contacts par téléphone avec des membres du groupe, 2 par 2. Cela permet d’échanger sur notre vision des choses, et je trouve que nous avons un meilleur ressenti des gens, de la vérité de leurs pensées, de ce qu’ils voudraient, plutôt que par mail. Par mail, ce n’est pas toujours facile.

Et à quelle fréquence, vous retrouvez-vous ?

Claire : Nous essayons de nous retrouver tous ensemble régulièrement, tous les 4 mois environ. On essaye que cela soit assez rythmé pour qu’il y ait toujours un lien entre nous, alors tous les 4 mois, 5 mois maximum. Nous essayons que cela soit assez régulier.

Pour l’instant, pour les grands rendez-vous, concernant le petit groupe noyau, nous ne nous sommes réunis vraiment qu’une seule fois. Les autres fois il y avait plus de monde. La plupart du temps, nous sommes une vingtaine de personnes, cela nous est arrivé d’être 25, ou plus.

Sans compter qu’entre temps, certains organisent des week-ends pour se rencontrer à nouveau. Il nous arrive aussi de nous revoir lors de stages de méditation. Se retrouver, c’est un vrai plaisir à chaque fois !

Mais nous ne nous sommes pas donné un nombre maximal de personnes participantes, il n’y a vraiment pas de limites…

Charlotte : Nous essayons simplement d’ouvrir un peu plus à chaque rencontre. A Noël, nous étions 25 personnes, et là, pour l’été, nous avons prévu plus de places, pour être 35. Ainsi au fur et à mesure, on essaye d’être réaliste, mais en même temps de permettre à plus de personnes de pouvoir venir.

Dans votre vidéo et vos photos, vous faites toutes sortes d’activités pendant une rencontre, pouvez-vous donner quelques anecdotes ?

Charlotte, et Charles : Nous essayons invariablement d’être créatifs et de proposer de nouvelles activités, alors notre manière principale, c’est énormément autour de la créativité et des arts. Cela rythme beaucoup nos journées. Nous aimons beaucoup faire des échanges sur la poésie, le théâtre, car cela nous aide à nous exprimer ; et surtout on essaye d’y apporter beaucoup d’humour, de légèreté. Autour de cela, on essaye aussi de développer nos forces, nos idéaux et les vertus que l’on prône. Nous avons vraiment exploré beaucoup d’arts différents, parce que chaque personne qui venait connaissait quelque chose de différent : nous avons pu faire de la poterie, de la sculpture, de la métallurgie, nous avons fait des œuvres communes en peinture, nous essayons vraiment d’explorer toutes les formes d’arts et ce que chacun peut apporter au groupe.

Charles : L’une des activités qui m’a le plus marqué est une activité proposée par Jonathan. Jonathan est chaudronnier de métier et il nous a proposé un atelier de soudure à l’arc. L’activité a d’abord commencé pour une partie disons « théorique », pendant laquelle il nous a présenté les différents métiers liés aux métaux, suivi ensuite d’un briefing de sécurité, ce qui est assez important dans ce type d’atelier, hihi ! Puis nous avons soudé. Certains ont même réalisés des sculptures métalliques suite à cela, grâce à une meuleuse, de la soudure et d’autres techniques.

C’était vraiment génial de découvrir cela, d’autant plus que ce n’est pas commun ! L’amour de Jonathan pour ce sujet et sa pédagogie ont vraiment rendu l’activité vivante et enrichissante à tous points de vue.

La création d’une telle activité, ou d’une autre, vient d’une envie de partager une part de soi avec les autres, de faire découvrir quelque chose qu’ils ne connaissaient pas avant. Et il s’agit surtout de partager ensemble une créativité, dans la joie, en transmettant aux autres ce qui nous anime par rapport à cette activité.

Charlotte : Je vais parler de celle que j’ai faite, avec une autre abeille, nous avons complètement créé de A à Z un jeu d’extérieur en nature. Dans chaque équipe, chaque personne avait un rôle bien défini, on a cherché à leur faire revivre les étapes d’une aventure dans un jeu, comme une sorte de kermesse avec pleins de petits jeux à la suite. Cette créativité a été très amusante, pleine d’humour, et chacun a appris des choses des uns et des autres, et de soi-même aussi. C’est ce que nous souhaitons dans nos créativités.

Ce jeu-là fut dans le jardin, avec l’aide de personnage comme Yoda, le roi Arthur, il y avait certains jeux qui étaient par énigmes, d’autres étaient sur des épreuves un peu plus sportives, et pour d’autres, nous avons réussi à imager matériellement certains comportements qui se passent dans la vie.

Par exemple, ce qui m’a le plus marqué, c’était le détachement. Il y avait deux personnes attachées à une corde autour d’un arbre, dont la longueur était cachée, et ces deux personnes devaient récupérer chacune trois objets à des endroits différents. Le premier, elles pouvaient l’attraper en même temps, le deuxième, il fallait que l’un des deux joueurs reste auprès de l’arbre pour que l’autre puisse le récupérer, et le troisième, elles ne pouvaient tout simplement pas le récupérer en étant attachées. Et à chaque fois, il a fallu que la personne se dise « mais non, il suffit de me détacher pour aller chercher mon objet ». Donc nous avons fait plusieurs petites situations comme cela, et c’était bien rigolo !

Et individuellement, quelle est la plus forte expérience que vous avez vécue jusqu’à présent dans ces rendez-vous ?

Quentin : Vous imaginez le Cantal, de belles montagnes, et entre amis, on a simplement pris le temps de regarder le soleil se coucher. Le soleil épousait les montagnes et à la fois, il se retirait, tout cela en musique, et aussi dans le silence. Il y avait une harmonie, une douceur, une complicité… et nous étions face à la grandeur de la nature : on pouvait simplement dire que la magie, elle est là. C’est une très belle expérience pour moi, car c’était une première fois avec d’autres personnes, où il y avait la magie et le rêve là, devant les yeux, et nous étions émerveillés. C’est grandiose ! Et la musique c’était Benjamin, il a toujours sa flûte avec lui, et à ma demande, il a joué un petit morceau, pour rendre hommage à la nature et à la musique. Je voyais vraiment la vie dans la nature et combien elle pouvait aider l’humain. Les deux étaient liés, la force entre les êtres humains et la nature ; il y avait la confiance, et aussi qu’ensemble on pouvait avancer. Ça m’a laissé une impression du futur.

Carole : Ce n’est pas facile de trouver un seul moment ! Je dirai, pour moi, que c’est la dernière soirée de notre séjour à Brocéliande. Nous avions vécu de beaux échanges et activités artistiques en commun pendant tout le séjour, et les fruits de notre créativité ont pu être offerts à un groupe d’adolescents qui commençaient un séjour dans le même gîte. Ils ont été touchés par notre représentation, et certains ont également participé : ce fut un magnifique échange, il y avait de la joie ! Personnellement, c’était comme la première fois de ma vie où je sentais avoir vraiment apporté quelque chose. C’est cela ma vocation vis-à-vis des jeunes : donner aux adolescents. La joie était sans euphorie, très simple et vraie, et je me sentais à ma place. Même les animateurs nous ont dit de continuer, car ils disaient que cela avait énormément apporté aux adolescents et qu’ils en redemandaient. C’était un encouragement pour nous aussi.

Maxime B. : C’était dans le Cantal, pendant le retour où j’ai dû m’adapter, car on était descendu en voiture avec Jonathan, mais on est tombé en panne ! Alors il me fallait une autre solution pour rentrer chez moi. Et puis, j’ai rencontré des personnes dans le coin avec qui j’ai discuté de ce que nous faisions, et ils ont trouvé cela très chouette, ce ne fut que du positif. Et dans les rencontres que nous avons faites, que cela soit à Brocéliande avec les adolescents, qui avaient entre 12 et 14 ans, ou dans le Cantal, avec un couple d’une quarantaine d’années, tous étaient très enthousiastes et surpris de ce que nous faisons ensemble. Tout le temps des bons retours. Mais ce qui me marque, c’est que nous pouvons toucher différentes générations de personnes. Pour moi, c’est un bonheur de savoir que nos actions, nos rencontres, c’est juste, et que donc nous évoluons dans le bon sens.

[Lire la suite : L’Impact, les Fruits et l’Ouverture]

[Lire le début : Le Nom, les Valeurs et l’Amitié]

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