Jeunesse & Relations – Interview « Les Abeilles – Jeunesse Cré’Activ »
[Propos recueillis par Lucie Delalain – Partie 3 ]
Lucie : Vous êtes un groupe de jeunes amis qui se retrouvent régulièrement pour des activités. Et par vos informations, nous saisissons l’essentiel de votre démarche et de vos motivations… Mais pouvez-vous en dire un peu plus sur votre fonctionnement, et raconter quelques expériences… ?
Les Abeilles : Oui, nous acceptons !
L’Impact, les Fruits et l’Ouverture
Après tout ce temps, existe-t-il un point incontournable, au sein de votre fonctionnement d’équipe ?
Quentin : Comme dans une équipe de sport, chacun met à profit pour le groupe ce qui le passionne, arts, sport etc., ses qualités, d’organisation, de cuisine par exemple. Cela permet d’apporter une certaine substance indispensable à notre évolution de groupe. Chacun peut avoir des univers que l’on ne connaît pas forcément, et le but du jeu, suivant sa confiance, est de partager aux autres cette passion.
C’est incontournable, car cela permet de rencontrer la personne dans ce qu’elle aime, dans sa grandeur, et c’est enrichissant pour nous, cela donne envie à notre tour de partager quelque chose. Derrière, c’est un cercle vertueux d’entraide.
Par exemple, grâce à quelqu’un faisant un peu de poterie, une autre personne a pris vraiment de la joie à montrer une coupe, car elle voyait cet état d’esprit de dynamisme. Finalement on valorise une personne, et il n’y a pas de sous-créativité, car nous voulons découvrir, nous voulons apprendre.
Claire : Oui, et la liberté est très importante aussi, le respect du rythme de chacun, parce que chacun est libre de faire les activités qui lui conviennent. Chacun est libre d’apporter, et chacun est libre de participer à ce qui l’intéresse le plus, rien n’est imposé.
Et ce qui me plaît beaucoup c’est qu’à chaque rencontre, le planning est créé tous ensemble, chacun peut proposer un domaine et le mettre en place. Ce côté créateur est super ! Cela nous a entraînés vers des activités complètement différentes d’un week-end à l’autre. Nous n’avons jamais refait les mêmes choses, ou quasiment pas, c’est toujours différent !
Cela me rappelle les camps que j’ai pu faire étant enfant, sauf que cette fois-ci nous sommes, tous, nos propres animateurs, il y a nettement plus de liberté !
Quentin : Un autre point important et qui demande beaucoup d’efforts, c’est d’affirmer ce que l’on pense, car nous choisissons ensemble les projets, et en même temps de respecter les avis de chacun. Il faut pouvoir laisser la place au groupe, pour que « l’entité au pluriel », le groupe en fait, puisse émerger. Moi, j’ai un point de vue, mais je m’aperçois que ce n’est plus juste, alors je choisis de le lâcher car ça n’est plus favorable pour le groupe. Il s’agit de laisser ses avis personnels de côté parfois. Et on s’aperçoit que c’est génial de faire partie d’un ensemble. Cela amène à penser au pluriel ! C’est une certaine remise en question, mais au final, pour ma part, je suis tellement content d’avoir de vrais amis, que même si cela racle un peu, ce qui compte ce sont les vraies amitiés que je veux vivre.
Et je sais qu’ensemble, on peut attirer d’autres personnes, cela peut être beaucoup plus grand ! Quand je vois les retours des autres, ce que cela leur apporte, je me dis que je veux faire des efforts, cela vaut le coup.
Finalement, vivre ce groupe, quels changements bénéfiques cela vous apporte-t-il ?
Maxime B. : Cela me force à rencontrer de nouvelles personnes, à bouger de chez moi, cela me donne des mini-défis. Par exemple, pour la prochaine rencontre jusqu’à Annecy, cela va être un beau défi, car pour l’instant je ne sais pas si je pourrai me libérer au niveau du travail, et je n’ai pas encore de solution pour le voyage ! Cela crée des épreuves permanentes, qu’il faut relever à chaque fois. Mais faire des nouvelles rencontres en continu, même en dehors du groupe, c’est ce que je recherche. Afin de ne plus être dans mon coin, à penser que je suis le vilain petit canard, mais plutôt un bébé cygne en devenir. Et de cette manière, j’ai rencontré mon amie, quelques semaines après notre première rencontre à Brocéliande.
Michel : Cela m’a permis de mieux me connaître, parce que j’ai pu voir que j’avais du mal à m’exprimer en groupe, surtout avec des gens avec qui je parle de spiritualité ou de créativité. Ce n’est pas quelque chose de facile pour moi. Et là, j’ai pu découvrir qu’il y avait une part de moi qui ne voulait pas ça. Cela me permet de travailler dessus, de savoir que c’est cela mon problème, et puis que je peux me révéler dans ce domaine. C’est l’une des grosses choses que cette aventure m’a apportée.
Et il y a aussi la collaboration, faire des créativités en groupe, et apprendre à ne pas être borné à ce que moi, je veux, mais au contraire prendre en compte l’autre : qu’est-ce que lui, il veut ? C’est important et c’est la grande partie des changements pour moi.
Maxime L. : Alors moi, quand je fais une rencontre, j’appelle cela un coup de boost, j’en ressors boosté ! Aux gens qui ont envie de venir, aux personnes intéressées, mais qui parfois hésitent, je dis « vas-y, tu vas voir, cela te mettra un coup de boost, tu vas être super motivé ! ». Rencontrer autant de gens, et aussi motivés, avec une telle dynamique, personnellement cela me booste intérieurement. Et par la suite, cela me permet de manifester plus de belles choses, que je porte jusque dans la vie quotidienne, dans mon métier, dans la musique.
Au-delà de ces retrouvailles majeures, visez-vous autre chose dans votre groupe ?
Caroline : Dans le regard de chaque jeune se trouve un miroir de nous-mêmes. Pleins de miroirs de toutes sortes qui nous poussent à évoluer, nous transformer, nous dépasser ! Oui, en chacun se trouve une telle beauté dont nous pouvons nous inspirer pour se choisir et rayonner. On y rencontre des jeunes touche-à-tout, des musiciens, des poètes, des sculpteurs de fer, de bois, de pierre, d’argile, un photographe, ou guérisseur, calligraphe, amoureux de la nature… mais surtout on y trouve des jeunes qui veulent exprimer leur lumière et qui osent se remettre en question. Ce n’est pas toujours facile lorsque les egos se rencontrent, mais dans le fond, chacun s’engage à relever le défi du bien ! C’est beau lorsqu’on y arrive, alors on en récolte les fruits : ceux de La Fraternité, notre Idéal. Cette dernière, on la recherche un peu partout et on aimerait l’expérimenter dans tous les sens pour la partager…
Être ensemble, est un vrai travail sur nous-mêmes, un peu en accéléré… C’est impressionnant d’ailleurs de voir la vitesse avec laquelle on évolue tous ! Je décrirais notre expérience comme un grand terrain de jeux fertile, libre et bienveillant. Avec pleins d’outils et d’exemples permettant de cultiver notre meilleur, et un monde plus vertueux, ensemble. Tout cela avec beaucoup d’amour et d’humour…
L’énergie du groupe nous appelle à ne pas nous résigner. Nos échanges et partages raniment et ravivent à l’intérieur l’espérance d’un monde meilleur. Espérance, parfois ternie par les exigences d’un monde trop étroit. Notre union est un vrai moteur ! On se motive tous à se révéler, être responsables, acteurs et créateurs… En partageant sur la spiritualité, la nature, la créativité et la joie…, c’est une vraie bouffée d’oxygène !
Est-ce que vous savez combien de temps durera cette aventure ensemble ?
Théo : Au départ, cela nous a plu Brocéliande, et on voulait continuer sur une aventure de 2 ans environ. Mais en avançant, on s’engage davantage, et il n’y a pas vraiment de date butoir. Cela devient quelque chose qui pourrait perdurer…
Avec les nouveaux arrivants, des personnes qui s’engageraient dans le noyau, ils prendraient la place de ceux qui sortiraient du groupe. Ceux ayant atteint 30 ans environ, et qui ne se sentiraient plus forcément en accord avec les actions menées pour les jeunes, ils auraient besoin de passer à autre chose. Mais peut-être que ce groupe-là perdurera à travers de nouvelles personnes qui reprendraient le flambeau.
Pour l’instant, moi, je vais avoir 21 ans, et je ne vois pas vraiment de fin ! Tant qu’il y a le feu, que cela marche, qu’il y a la fraternité, que chacun essaye de se révéler, de donner le meilleur de soi, je ne vois pas pourquoi cela s’arrêterait, puisque dans ma vie, cela ne m’apporte que du positif.
A part vos événements, avez-vous un autre but en commun à réaliser ?
Claire, Théo et Jonathan : Il n’y a pas vraiment de grand but à manifester, c’est plutôt grâce à notre idéal de fraternité, créer un groupe permettant à la jeunesse de découvrir qu’il existe un moyen d’être soi-même. Et ce n’est pas forcément ce que la société nous propose.
Il est évident que nous voulons inclure d’autres gens, et créer plus de choses. Mais notre souhait le plus cher est de redonner l’Espérance aux jeunes qui comme nous se questionnent beaucoup sur le but de leur existence.
Toutes les personnes étaient super contentes de ce qu’elles avaient vécu, par exemple dans le Cantal, sans pour autant avoir envie de revivre cela avec nous, ou pas tout de suite. Cependant nous avons remarqué que pour certains, cela avait impulsé quelque chose dans leur vie, et derrière ils ont eu des projets. En plus, après chaque rencontre on se sent boosté, on retrouve de la force intérieure, et de la vitalité. Cela « donne des ailes ».
On s’est beaucoup questionné sur notre but, pour se rendre compte que l’on avait chacun des buts différents, forcément puisque nous sommes tous différents. Alors ce qui ressortait beaucoup c’est cette Espérance.
Ce serait comme quelque chose qui perdurerait, comme un point de repère lumineux auquel les jeunes pourraient se relier et comprendre qui ils sont vraiment. Et cela sortirait des croyances du monde comme quoi la jeunesse, c’est sortir à tout-va, faire n’importe quoi, se détruire à travers plein d’activités néfastes !
Vos activités sont ouvertes à tous les jeunes de 18 à 30 ans, cela implique-t-il de participer à plusieurs activités ?
Michel : Quand l’on s’engage pour venir à un séjour, c’est pour une seule fois, après on est libre de revenir ou pas. Si on vient, on peut découvrir par soi-même ce que l’on fait. Mais si une seule fois a suffi, on n’est pas obligé de revenir. C’est la liberté de notre fonctionnement.
Par contre, si on a envie de continuer avec le groupe, on peut revenir, mais aussi en y étant plus acteur. On peut être dans le « noyau », avec ceux qui s’engagent à rester plus longtemps et à y apporter de la créativité, des nouvelles idées, à savoir « qu’est-ce que je veux apporter au groupe ? » C’est un certain objectif de faire accroître le groupe, d’aller plus vers l’humanité, plus vers le monde, et cela permet aussi de mieux connaître les membres du groupe, c’est une évolution.
Et pour vous rejoindre, y a-t-il un examen d’entrée, un bizutage, une épreuve à passer ?!
Michel : On n’a pas prévu de bizutage ! Si on reste, on peut déjà individuellement s’engager à apporter quelque chose au groupe. Par contre, il n’y a pas de bizutage, pas d’humiliation, c’est dans un respect de l’autre, nous ne sommes pas là pour détruire l’autre.
Autrement, une idée avait été lancée par Théo et Jonathan. Ils avaient proposé que nous réalisions une créativité, une sculpture il me semble, où nous pourrions écrire notre nom sur une coupe. C’est un projet, où, une fois que l’on a gravé son nom sur cette coupe, cela pourrait être un engagement à agir !
Quel serait votre conseil pour d’autres jeunes qui voudraient créer leur propre groupe à leur manière ?
Jonathan : Il est primordial de découvrir les ou le But(s), lorsque l’on crée un tel groupe, puis de bien le ressentir et le canaliser, tout en laissant place à la surprise ! Cela permet de comprendre pourquoi l’on agit et ce que l’on veut véritablement manifester. Ensuite il s’agit de persévérer pour le faire grandir malgré les défis qui peuvent survenir.
Chacun a ses propres buts individuels, des défis qu’il peut se donner dans le groupe, et en même temps il y a un but commun. Dans le sens que les fruits découverts sur le chemin vers le but, soient un don pour le reste du groupe et ainsi accroit sa profonde richesse. Ça nourrit « la ruche » ! A partir du moment où c’est bien et juste pour soi, alors c’est juste de le partager aux autres. Par exemple mon grand But, mon grand idéal est la Liberté, je veux le comprendre, le définir et le vivre. En conséquent, j’apprends à respecter la liberté de l’autre dans ses choix, à encourager sa liberté d’expérimenter, et ne pas juger.
Et ensuite il y a la persévérance qui est la grande qualité pour faire perdurer un groupe, et son propre engagement aussi. C’est important, car de mon côté, j’ai eu parfois un manque de motivation. Mais j’ai toujours gardé en tête de tenir mon engagement, comme une pierre que je garde toujours précieusement dans ma main, me rappelant ainsi la force de bien qui se dégage de notre groupe. De cette manière j’évolue, grâce à la remise en question. Je me suis engagé, pour moi, pour le groupe et vers cet idéal de Fraternité. En étant toujours fixé sur ces idées, de grandes valeurs à mes yeux, je ne pouvais certainement pas lâcher.
Pour finir, il est important de communiquer à d’autres gens, leur partager le plaisir de découvrir le trésor que le groupe porte en lui, et surtout de révéler celui-ci !
Quel est votre principal message destiné aux autres jeunes ?
Vive les belles abeilles ! C’est nous, mais c’est chacun, vous serez toujours accueillis !
Alors Bienvenus dans notre cercle d’amis
Ne restez pas tout seuls dans votre bulle, osez-vous révéler,
Venez nous rejoindre simplement pour partager.
Vous vous rendrez compte que vous n’êtes pas les seuls à penser différemment.
La société à ses dires, nous pouvons choisir la différence librement.
Vous n’êtes pas seuls, ensemble créons l’émergence par l’écho nos âmes
Deviens Qui Tu Es ! Soyez vous-même !
You are unique but ou are not alone !
L’appel retentit vers qui voudra vivre ses prémices fraternelles !
Fin ♦
Le Groupe des Abeilles, propos recueillis par Lucie Delalain
[Lire le début : Le Nom, les Valeurs, et l’Amitié]
[Lire la suivante : Les Rencontres créatrices, les Expériences, et l’Organisation]