Pourquoi franchir le pas ?

Méditer chaque jour en faisant l’effort de s’extraire volontairement du monde extérieur, beaucoup trouveront cela ingrat et difficile. Pourquoi méditer, se demanderont-ils ? C’est une saine question, car il faut toujours savoir pourquoi on fait les choses. Le principal but de la méditation est d’accéder au monde spirituel, afin de se relier à son Âme céleste ou Moi supérieur.

En effet, l’être humain est un « Je » ou Moi inférieur, une individualité spirituelle incarnée dans un corps physique et disposant d’une personnalité (comprenant la pensée, le sentiment et la volonté). L’être humain est naturellement séparé de sa moitié spirituelle, son Âme céleste ou Moi supérieur (l’esprit humain étant constitué du « Je » et de l’Âme céleste) pendant qu’il vit sur la Terre.

La méditation est l’outil essentiel de toute voie d’évolution spirituelle. Comme son nom l’indique, une voie spirituelle a pour but la réunion du « Je » et de l’Âme céleste, c’est-à-dire l’union des deux parties séparées de l’esprit durant l’incarnation. C’est ce qu’on appelle parfois la réintégration ou la réalisation de soi. À la question : « Pourquoi méditer ? » Je réponds : « Afin de réunifier les deux parties de l’esprit en moi en accédant au monde spirituel. »

Nous pouvons alors considérer la méditation comme un moyen de communication entre le monde matériel et le monde suprasensible. C’est la raison pour laquelle j’appelle parfois « méditer » : « Apprendre à parler le langage des anges ». 

En accédant au monde spirituel, l’aspirant peut saisir la vérité par lui-même, ce qui lui fait ressentir la liberté, selon la parole du Christ : « Vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » (Jean – VIII/32).

La méditation aide l’aspirant à répondre à la question : Qui suis-je ? au sens propre du terme. Lorsque l’aspirant médite régulièrement, et depuis longtemps, sa vie intérieure s’enrichit considérablement. Cela lui apporte un ressenti de force intérieure, car son « Je » se muscle en quelque sorte, grâce aux efforts du méditant. Un jour, en méditation, l’aspirant vivra l’expérience du « jardin de Gethsémani » où il se saisira en tant que « Je », en tant qu’esprit individuel. Il se ressentira seul et unique au monde tout en étant une parcelle de l’univers-dieu. C’est ce qu’on appelle « l’éveil ».

En quoi la méditation peut-elle être « créatrice » ? 

La méditation occidentale et christique est créatrice dans le sens où l’aspirant médite sur des connaissances ésotériques qu’il fait mûrir dans son cœur et dont il résulte, au bout d’un certain temps de maturation, des idées nouvelles, toute une créativité qu’il pourra manifester dans le monde.

Ainsi, la méditation occidentale est créatrice, à savoir qu’elle crée, à partir d’un matériau ésotérique véridique, une connaissance individualisée conduisant à des expériences spirituelles au-delà du seuil du monde suprasensible. Puis, à une manifestation d’idées, de réponses et de projets dans le monde.

La méditation créatrice que j’enseigne est occidentale, car son but n’est pas le même que celui de la méditation orientale.

Le but de la méditation orientale, tel qu’on peut le lire en étudiant samatha ou la concentration mentale (la principale méthode orientale de méditation reprise, notamment, par les bouddhistes), est le samadhi ou la pacification du mental (l’arrêt des pensées) qui permet la fusion avec tout ce qui existe. C’est un état de béatitude résultant de la vacuité mentale (pour tout savoir sur samatha ou la méditation orientale, lire mon ouvrage Chercheur d’Éternité, chapitre 3, aux Éditions De Mortagne). 

Le problème, du point de vue occidental, c’est que l’aspirant n’existe plus, car la goutte d’eau s’identifie à l’océan et se perd dans celui-ci. Cet état d’être, aussi élevé soit-il, peut paraître frustrant pour un aspirant occidental, car il se retrouve hors du monde (comme ce fut le cas de nombreux sages orientaux, même modernes), avec un « Je » qui est « perdu » dans le Tout. Or, la mission de l’occidental est différente de celui de l’oriental. 

Lorsqu’on étudie les natures orientale et occidentale avec un regard spirituel, on note des différences qui expliquent qu’ils aient besoin de méthodes de méditation différentes (et de voies spirituelles différentes).

La personnalité orientale est tournée vers le monde intérieur et naturellement passive, réceptive et fataliste. La personnalité occidentale est tournée vers le monde extérieur et naturellement active, émissive, créatrice et transformatrice.

Le « Je », l’individualité de l’occidental, a besoin de se confronter au mal se trouvant dans le monde extérieur et de le transformer en se transcendant. On peut dire que le Moi occidental trempe dans le mal, afin de se renforcer, de se dépasser. Il n’en est pas de même pour l’oriental, dont l’individualité évolue sans se confronter au mal extérieur. Ainsi, l’oriental se retire du monde pour réaliser une démarche spirituelle, tandis que l’occidental ne peut évoluer correctement que s’il demeure dans le monde et qu’il s’y confronte.

Ceci peut être vérifié facilement en comparant le fonctionnement de l’oriental et de l’occidental, mais cela pourrait également être démontré en analysant le sang (le support physique du « Je » humain), car celui-ci est différent selon que l’on naît en Occident ou en Orient.

Ésotériquement, il faut savoir que le « Je » oriental ne s’incarne pas aussi profondément que celui de l’occidental. Le « Je » de l’oriental ne s’incarne que jusque dans la pensée et le sentiment, tandis que celui de l’occidental descend jusque dans la volonté. L’occidental se confronte au mal objectif, car son « Je » s’incarne jusque dans sa volonté ; il se heurte alors aux forces destructrices.

Le fait que le « Je » oriental ne descende pas dans la volonté explique son manque d’intérêt pour le monde extérieur. En revanche, le fait que son « Je » reste au niveau du sentiment souligne son attrait pour la relation et la dévotion.

Quant à l’occidental, le fait que son « Je » s’immerge jusque dans la volonté, montre son intérêt pour la matière et son envie de manifester ce qu’il porte en lui. D’où la créativité multiforme des occidentaux.

Il en résulte deux types de voies spirituelles et deux formes de méditation : la concentration mentale ou samatha et la méditation occidentale, dont la méditation créatrice est une version adaptée à l’individu de notre époque (voir mon ouvrage Le Graal et l’Éternel Féminin, chapitre 1 sur la méditation, aux Éditions De Mortagne).

Dans sa pratique spirituelle, le risque majeur pour l’oriental est de rechercher l’expérience spirituelle ou l’union avec le divin à tout prix, afin de disparaître dans le Tout. Mais, il oublie alors le monde extérieur. Et, qu’est-ce qu’une illumination qui ne rayonne pas dans le monde et n’apporte rien à l’humanité souffrante ?

Quant à l’occidental, son risque majeur est de s’impliquer dans le monde pour aider autrui et trouver une solution à la misère, mais en oubliant son lien avec le monde spirituel en cours de route. Et, que vaut une action coupée du divin ?

La méditation orientale (que j’ai moi-même pratiquée sous de nombreuses formes durant plusieurs années) n’est pas forcément à exclure pour un occidental, car elle peut servir de base avant de se lancer dans une forme de méditation plus appropriée à notre nature. Elle permet d’obtenir la paix intérieure et une certaine maîtrise du mental, selon les années et le travail intérieur effectué par le méditant. Mais, au lieu de « tuer » le mental comme le recommandent certains enseignants orientaux (ce qui tue également la possibilité de communiquer et de devenir un créateur), l’aspirant occidental apprend à rendre sa pensée dynamique, vivante et créatrice.

Il met en pratique la parole de Jean le Baptiste : « Il est temps de « retourner » votre pensée, car le royaume des cieux s’est rapproché de vous ! » Il enseignait la métanoïa ou le retournement de la pensée, ce qui se traduit aujourd’hui par le fait de transformer notre pensée en la rendant spirituelle plutôt que matérialiste. Il s’agit de détourner son regard de la matière, de temps à autre, pour l’élever vers les merveilles du monde spirituel qui est notre vraie patrie.

Il ne s’agit donc pas de se débarrasser de la pensée, mais de la transformer en une pensée différente, plus élevée spirituellement parlant, et qui nous permettra d’entrer en relation avec les entités du monde spirituel, d’une part, et d’exprimer notre richesse créatrice dans le monde, d’autre part. Cette nouvelle pensée apportera alors des solutions à tous les maux dont souffre l’humanité actuelle.

 

Résumé : le but essentiel de la méditation est d’unir les deux parties de l’esprit humain, séparées depuis la Chute, afin de générer la plénitude intérieure. De cela, il résulte un accès au monde spirituel et une collaboration avec les entités habitant ce monde, rendant ainsi l’individu créateur et collaborateur de la création perpétuelle de l’univers. Il existe deux formes de méditation (et deux types de voies spirituelles) : l’une est adaptée à l’oriental et l’autre à l’occidental.

 

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