L’évolution de l’art dans l’histoire de l’humanité jusqu’à nos jours

Dans les époques antiques comme l’ancienne Égypte, ou même jusqu’à l’ancienne Grèce, les artistes avaient pour but de montrer la relation qui existait entre le monde spirituel et l’humanité. A travers leurs œuvres d’art, ils décrivaient l’action d’entités spirituelles qu’on appelait en général les dieux. Ces derniers étaient des anges, des archanges œuvrant par exemple au sein de la nature ou du peuple à travers certains personnages ayant des fonctions dans la société. Ces êtres étaient invisibles. Il était important pour les artistes de montrer l’action des dieux au sein de l’humanité et ainsi, que l’être humain n’était pas abandonné. Le rôle de l’artiste dans l’antiquité n’était pas de rappeler à l’être humain qu’il était un être spirituel parce qu’il le savait. L’art de l’antiquité avait pour mission de faire ressentir au profane que les dieux agissaient dans le monde sous une forme invisible afin de guider les êtres humains vers leur devenir. Les dieux façonnaient les civilisations et prodiguaient leurs conseils à l’être humain. Et les artistes témoignaient de cette relation harmonieuse (*). Tout cela s’est conservé jusqu’au Moyen-âge. A la renaissance, on a encore de très grands peintres et sculpteurs, comme Raphaël, Léonard de Vinci. Ils ont toujours cet état d’esprit et des bribes de clairvoyance. La Renaissance marque le dernier flamboiement de l’art sous toutes ses formes. Ensuite, petit à petit, nous entrons dans l’aire matérialiste. Et de plus en plus, une coupure s’installe avec le monde spirituel, un oubli de notre nature spirituelle et du monde spirituel d’où nous venons. Forcément l’art s’en ressent. Au XIXe siècle, il y a eu encore quelques sursauts… On peut citer les romantiques et les préraphaélites, comme Dante Gabriel Rossetti. Ils ont su traduire des éléments spirituels dans notre monde, au sein de notre société. On peut penser au peintre Gustave Moreau qui était un précurseur de l’art imaginatif. C’était quelqu’un qui étudiait beaucoup, qui ensuite priait, méditait. Il essayait de vivre en lui ce qu’il avait lu, pour finalement le traduire sur une toile.

Le XXe siècle a vécu la mort de l’art, parce que nous sommes arrivés à une coupure totale avec le monde spirituel. Nous sommes la seule civilisation de l’humanité à n’être plus reliée au monde spirituel. Toutes les civilisations qui ont existé et qui nous ont précédés et toutes celles qui nous succéderont ont été et seront des civilisations où les êtres humains sont reliés au monde spirituel. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce passage que nous vivons actuellement d’une société qui n’est pas consciemment reliée au monde spirituel correspond au passage à l’âge adulte pour l’humanité. Ce passage permet à l’humanité de ressentir son propre potentiel, sa capacité d’agir, de créer dans le monde, de faire évoluer sa société, sans que « papa » ou « maman », c’est-à-dire le monde spirituel lui dise quoi faire, ni comment faire (***). De nos jours, l’artiste au sens classique, n’est donc plus relié au monde spirituel et il a perdu le sens du sacré. Il était nécessaire que l’art meure durant l’époque matérialiste. En revanche, en cette période cruciale de changement de siècle et de millénaire, il est possible de retrouver un lien avec le monde spirituel et ses entités inspiratrices. Cela ne se passera plus comme dans l’antiquité car l’être humain a acquis depuis une certaine liberté et autonomie. Et on peut trouver d’ores et déjà de nos jours une nouvelle race de créateurs et créatrices. Ils vont offrir un sens nouveau à la mission de l’art. En cultivant une forme de pensée différente, vivante et spirituelle, ces nouveaux artistes accèdent au monde suprasensible, puis recréent ce qu’ils ont vu au-delà du seuil de notre monde visible. La nouvelle forme d’inspiration créatrice a pour base la méditation et elle est reçue dans le temple du cœur humain.

Définir l’art et le rôle de l’artiste aujourd’hui

L’art est du domaine du cœur, le domaine du milieu. Son but est de relier le haut et le bas, le monde de l’esprit et le monde de l’incarnation, de la manifestation. L’artiste doit associer l’esprit et la matière de manière à trouver un accord entre eux. C’est là qu’est la difficulté principale, parce que c’est un combat, une lutte. En effet, l’esprit et la matière sont deux mondes complètement antinomiques. L’artiste essaie d’associer ce qui est le plus subtil, le plus raffiné, l’aspect spirituel à ce qui est le plus « grossier », l’aspect matériel.

Si cette lutte n’est pas vécue, alors il y a un déséquilibre, soit dans un sens, soit dans un autre.

Ainsi trouve-t-on une catégorie d’artistes qui n’est quasiment qu’esprit. Ils n’osent pas trop confronter leur créativité artistique à la matière. Quand on voit des œuvres de ce genre d’artistes, on peut être émerveillés sur le coup. Mais il ne va rien nous en rester après. Cela ne va pas susciter d’espérance. C’est tellement différend du monde terrestre qu’on a l’impression que c’est du rêve. Il n’y a rien de solide là-dedans, ce genre d’art n’a pas de poids. Il n’y a pas eu d’équilibre entre l’esprit et la matière.

A l’opposé, on peut trouver une forme d’art beaucoup plus commune à notre époque : un art uniquement matériel où il n’y a pas l’esprit dedans. C’est un art uniquement commercial, utilitaire. On le trouve notamment dans la musique. Même si sur le coup, on peut être touché par la voix de la personne, il ne reste rien. Lorsqu’il n’est pas mercantile ou intellectuel, l’art n’est plus que le déversoir de l’inconscient de l’artiste. On se sent très lourd, très desséché avec ce type d’art.

L’art véritable est donc un art qui associe l’esprit à la matière parce que l’être humain est avant tout un esprit, un être spirituel dans un corps physique. Dans sa tête, l’artiste a un idéal, une représentation de ce qu’il veut montrer,  partager avec les autres. C’est quelque chose de pur. L’artiste naît lorsqu’il a envie de partager avec les autres ce qu’il a dans sa tête. L’œuvre de l’artiste commence à partir du moment où il va vouloir faire descendre ce qu’il a dans sa tête à travers ses mains, dans la matière. Mais entre la représentation qu’il a en tête et l’œuvre finale, il y aura forcément des différences. En passant à travers des matériaux créateurs, il va y avoir une certaine déperdition de la lumière et de la beauté perçues en soi. Il faut l’accepter. Mais il faut essayer par tout un travail intérieur, et toute une lutte intérieure de céder le moins possible de cette lumière à la matière. Une vraie œuvre réalisée par un vrai artiste, c’est quelque chose qui va nous toucher en profondeur. Elle va descendre jusque dans notre volonté et susciter l’espérance. Dans l’œuvre de l’artiste, on va percevoir son combat, sa lutte et surtout sa victoire : L’esprit est plus fort que la matière ou le bien est plus fort que le mal. L’artiste peut ainsi dans notre monde actuel générer l’espérance dans le cœur humain. L’individu face à l’œuvre d’art se dit : « cet artiste là, dans son domaine a pu vaincre la matière, la transformer, la transcender. Je ne suis pas un artiste, ce n’est pas grave. Dans mon domaine, je peux sans doute faire pareil. Il y a sans doute un moyen d’y arriver ».

Définir l’art imaginatif et ce qu’il apporte au monde

L’art véritable découle donc d’un rapport entre l’artiste, l’être humain d’une part, et le monde spirituel d’autre part. Ce lien peut se vivre consciemment ou inconsciemment. Il est mieux et même essentiel à notre époque de pouvoir vivre un lien conscient avec le monde spirituel, pour justement aller vraiment chercher cette inspiration dont l’artiste a besoin.

Le créateur ou la créatrice est donc un méditant. Il accède à son corps éthérique et à travers cela au monde éthérique, c’est-à-dire le monde spirituel le plus proche de la terre, véritable miroir qui reflète la Sagesse et la beauté du monde spirituel. Le créateur méditant cultive une riche vie intérieure grâce à l’étude de connaissances ésotériques qui mûrissent en lui et se transforment en puissantes images révélatrices. Lorsque nous méditons sur des connaissances ésotériques, sur des vérités spirituelles, et que nous sommes capables de les recréer intérieurement sous forme de sous forme d’images, nous les appelons des imaginations spirituelles : d’où l’expression d’Art Imaginatif. L’Art Imaginatif se déroule en trois phases. L’artiste choisit tout d’abord une connaissance ésotérique qui servira de support de méditation. Elle peut être trouvée dans un texte sacré ou être transmise par un chercheur de lumière qui accède au monde spirituel… Ensuite il médite la connaissance pour la recréer en soi sous une forme d’imagination spirituelle. Généralement, le méditant créateur pratique plusieurs fois sa recherche intérieure avec des temps de mûrissement plus ou moins longs entre chaque méditation. Enfin, il crée ou manifeste l’image intérieure sur un support approprié, selon ses capacité (dessein, illustration, peinture, sculpture,… photographie, théâtre, poésie…). L’Art Imaginatif est une collaboration consciente avec le monde spirituel.

Qu’apporte l’Art Imaginatif à notre époque ?

L’Art Imaginatif est un art qui a pour but de rappeler à l’être humain d’où il vient et qui il est. L’être humain de l’époque matérialiste a oublié qu’il venait du monde spirituel. Son rapport au monde spirituel est basé sur des croyances. Il y a des gens qui croient en Dieu et il y a des gens qui croient que Dieu n’existe pas. Indépendamment de ses croyances, l’individu le plus matérialiste est aussi un être spirituel comme tout le monde. Aujourd’hui, le rôle de l’artiste est de rappeler à l’être humain l’existence du monde spirituel pour lui donner envie de s’y reconnecter, de s’y intéresser de nouveau.

L’art a aussi un autre rôle : guérir le cœur et le nourrir lorsqu’il est asséché par le matérialisme de l’être humain.

En effet, souvent on entend des gens dire qu’ils se sentent vides à l’intérieur, secs, avoir peur, être de plus en plus méfiants et avoir du mal en entrer en relation avec les autres. D’où vient ce « vide intérieur »? Il vient de la société de consommation. Tout ce qui est strictement matériel assèche le cœur. Tous nos désirs d’acquisitions matérielles vident notre cœur. L’Art Imaginatif abreuve le cœur humain de vie. Une œuvre d’art authentique, harmonieuse, apporte des forces de guérison à celui qui la contemple. Cela peut se comprendre si vous imaginez que l’aspect esprit et l’aspect matière sont parfaitement accordés dans l’œuvre en question, ce qui crée un équilibre. Or l’être humain est un esprit dans un corps de matière. La bonne santé est un accord harmonieux entre l’esprit humain et le corps dans lequel il vit. La maladie est une dysharmonie entre l’esprit et le corps de matière. Et les forces de guérison, c’est l’harmonie, l’équilibre, la perfection de l’association esprit-matière. Une œuvre d’art spirituelle, imaginative, génère des forces de guérison. Et quand on contemple, qu’on écoute, qu’on participe même à cette œuvre, cela réveille nos propres forces de guérison.

Chaque créateur ou créatrice au plein sens du mot, doit être conscient que son travail participe à la spiritualisation de cette société afin qu’elle devienne plus morale, plus fraternelle et plus responsable. En effet, cette nouvelle forme d’art va changer le monde, car les gens vont changer d’état d’esprit. Ils vont se mettre à générer de l’espérance en eux. L’espérance, au niveau de la volonté, va donc se traduire à travers leurs membres. Et, petit à petit, elle va remonter jusqu’à leur pensée et générer des idées nouvelles. Dans cette espérance, et ces idées nouvelles, il y aura les germes du futur, les germes de la société du futur.

Pierre Lassalle

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